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La Cour des comptes européenne constate des problèmes au niveau de l’adaptation de l’Union européenne au changement climatique

Actualités - 26/10/2024
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Auteur(s): 
Jan De Mulder


Le 16 octobre, la Cour des comptes européenne (CCE) a publié un rapport spécial sur l’approche de l’Union européenne en matière d’adaptation au changement climatique. La CCE y signale le risque que la politique d’adaptation de l’Union européenne face au changement climatique évolue moins vite que le climat lui-même. Les phénomènes climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations sont de plus en plus graves et fréquents. Ils ont également des conséquences économiques majeures. La CCE affirme que l’Union européenne dispose d’un cadre solide pour lutter contre les effets du changement climatique, mais que la mise en œuvre des politiques d’adaptation est problématique.

Pour la période 2014-2020, l’Union européenne a alloué au moins 8 milliards d’euros et 26 milliards d’euros, pour la période 2021-2027, à l’adaptation au changement climatique. La majorité des projets examinés par la CCE ont permis de renforcer la capacité d’adaptation, mais dans 40 % des cas, leur impact est faible, voire nul. En outre, les progrès accomplis en matière d’adaptation au changement climatique sont difficiles à évaluer…

Contexte

Le nombre de catastrophes naturelles tout comme l’ampleur des dommages causés ont considérablement augmenté dans l’Union européenne au cours des deux dernières décennies, comme en témoignent les récentes sécheresses, les vagues de chaleur et les inondations dévastatrices survenues en 2024. Les pertes économiques dues aux phénomènes climatiques extrêmes dans l’Union européenne se sont chiffrées en moyenne à 26 milliards d’euros par an au cours de la dernière décennie.

L’inaction a elle aussi un coût : l’exposition de l’économie européenne actuelle à un réchauffement planétaire de 1,5 à 3 °C par rapport aux niveaux préindustriels (une estimation prudente) entraînerait des pertes économiques comprises entre 42 et 175 milliards d’euros par an.

L’adaptation au changement climatique ne consiste pas à apporter une réponse d’urgence ponctuelle, mais à prendre une série de mesures de prévention, de protection et de préparation à des fins d’ajustement aux phénomènes climatiques réels ou prévus et à leurs conséquences. L’Union européenne a publié sa première stratégie d’adaptation en 2013 et une deuxième en 2021. Elle a ainsi confirmé la vulnérabilité de l’Union européenne au changement climatique. Les États membres décident eux-mêmes des modalités de mise en œuvre de cette stratégie.

Constatations

Dans l’ensemble, l’Union européenne dispose d’un cadre solide pour renforcer sa résilience au changement climatique. Les auditeurs de la CCE ont examiné les politiques nationales d’adaptation de la France, de l’Estonie, de l’Autriche et de la Pologne et ont constaté qu’elles étaient généralement cohérentes avec la stratégie de l’Union européenne. Mais les auditeurs ont également pointé l’utilisation de données scientifiques obsolètes pour établir les documents relatifs à la stratégie nationale d’adaptation. Ils ont également relevé des cas de sous-estimation ou d’omission des coûts des mesures d’adaptation.

La transposition des politiques d’adaptation nationales et européennes dans la réglementation locale est un processus difficile. L’Union européenne considère le niveau local comme étant le fondement de l’adaptation au changement climatique. Il est pourtant ressorti de l’enquête des auditeurs auprès de quatre cents communes des États membres contrôlés qu’un grand nombre de répondants ne connaissaient pas les stratégies ainsi que les plans d’adaptation au changement climatique et qu’ils n’utilisaient pas les outils d’adaptation européens (Climate-ADAPT, Copernicus et la Convention des maires de l’Union européenne).

Plus de la moitié des projets audités permettaient de lutter efficacement contre les risques climatiques. Les auditeurs ont également mis en évidence quelques bonnes pratiques, mais ont relevé des conflits de priorités, les objectifs d’adaptation au changement climatique devant coexister avec d’autres objectifs, tels que la compétitivité ou le développement régional. Ils ont observé que des projets répondant à des besoins d’irrigation accrus risquaient d’accroître la consommation globale d’eau. Ils ont également découvert que de nouveaux permis de construire continuaient à être délivrés dans une zone à risque d’inondation pourtant couverte par un projet de protection contre les inondations. Ils ont même identifié deux projets susceptibles d’entraîner une mauvaise adaptation, c’est-à-dire accroître la vulnérabilité ou l’exposition au changement climatique au lieu de la réduire. Un exemple de mauvaise adaptation est de promouvoir l’irrigation de cultures gourmandes en eau au lieu de passer à des cultures qui le sont moins. En outre, certains projets, tels que le réapprovisionnement de plages en sable, n’offrent qu’une solution d’adaptation à court terme.

En ce qui concerne le financement, l’adaptation au changement climatique ayant un caractère transversal, les fonds alloués par l’Union européenne proviennent aussi bien de l’agriculture que de la cohésion ou encore de la recherche. Le suivi du financement est dès lors difficile. Les rapports sur l’adaptation doivent être améliorés : le rapport indique qu’il n’est actuellement pas possible d’évaluer les progrès réalisés en matière d’adaptation au changement climatique dans les États membres, car les rapports sont plutôt descriptifs et ne fournissent aucunes données quantifiables.

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