Comme de coutume, de nombreux rapports sont publiés à l’approche de la conférence annuelle des Nations unies sur le climat. Le 7 novembre 2024, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a publié le rapport sur le déficit d’adaptation, « Adaptation Gap Report 2024 : Come hell and high water ». Le rapport indique que face à l’aggravation des impacts climatiques, qui frappent durement surtout les populations les plus vulnérables, les pays doivent augmenter de manière drastique leurs efforts d’adaptation au changement climatique. Cela implique qu’ils doivent commencer par s’engager à prendre des mesures en matière de financement lors de la COP29 (Bakou, Azerbaïdjan).
Hausse des températures
La hausse de la température moyenne mondiale avoisine désormais 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. C’est ce qui ressort du rapport sur le déficit d’émissions, « Emissions Gap Report », publié par le PNUE le 24 octobre. Selon ces dernières estimations, la planète pourrait connaître un réchauffement catastrophique de 2,6 à 3,1 °C d’ici la fin du siècle, à moins d’une réduction drastique et immédiate des émissions de gaz à effet de serre. Le rapport souligne donc l’urgence de renforcer de manière significative les efforts d’adaptation au changement climatique au cours de cette décennie pour faire face aux conséquences de plus en plus graves. Cette adaptation est toutefois entravée par un écart considérable entre les besoins en financement et les flux de financements publics internationaux actuels.
Financement actuel insuffisant Les flux de financement publics internationaux pour l’adaptation des pays en développement sont passés de 22 milliards de dollars en 2021 à 28 milliards de dollars en 2022. Il s’agit de la plus forte augmentation absolue et relative en glissement annuel depuis l’Accord de Paris. Cela reflète les progrès réalisés dans le cadre du pacte de Glasgow pour le climat, qui a exhorté les pays développés à au moins doubler les financements pour l’adaptation des pays en développement d’ici 2025, en partant d’environ 19 milliards de dollars en 2019. Cependant, même en atteignant l’objectif du pacte de Glasgow pour le climat, le déficit de financement de l’adaptation, estimé entre 187 et 359 milliards de dollars par an, ne serait réduit que d’environ 5 %. Alors que les pays en développement subissent de plus en plus de pertes et de dommages, leur dette ne cesse d’augmenter. Une adaptation efficace et appropriée, incluant des principes de justice et d’équité, est donc plus urgente que jamais. Le rapport invite les pays à renforcer leurs ambitions en adoptant un nouvel objectif collectif quantifié pour le financement climatique lors de la COP29 et à intégrer des éléments d’adaptation plus importants dans leur prochaine série d’engagements pour le climat, ou de contributions nationales, qui doivent être soumises au début de l’année prochaine, avant la COP30 à Belém, au Brésil.
Lenteur dans la planification et la mise en œuvre Concernant la planification, 171 pays ont désormais instauré au moins un instrument national de planification de l’adaptation, à savoir une politique, une stratégie ou un plan. Sur les 26 pays ne disposant pas d’instrument de planification nationale, 10 n’ont pas l’intention d’en élaborer un. Sept de ces pays sont touchés par des conflits ou sont des États fragiles qui auront besoin d’un soutien adapté important pour atteindre l’objectif de planification du Cadre des Émirats arabes unis pour la résilience climatique mondiale d’ici 2030. En outre, l’efficacité potentielle des plans nationaux d’adaptation (PNA) dans les pays en développement est mitigée, ce qui montre qu’un soutien spécifique est nécessaire pour s’assurer que la planification de l’adaptation mène à des actions concrètes dans ces contextes.
Les mesures d’adaptation affichent dans l’ensemble une tendance à la hausse, mais celle-ci n’est pas à la hauteur du défi. Par ailleurs, les évaluations des projets mis en œuvre avec le soutien des entités de financement au titre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) révèlent qu’environ la moitié de ces projets ne sont pas satisfaisants ou risquent de ne pas perdurer sans ressources à long terme. Les pays rapportent des progrès dans la mise en œuvre de leurs PNA, mais constatent que l’ampleur et la rapidité de l’adaptation restent insuffisantes face à l’aggravation des risques climatiques.
Une augmentation et une amélioration des ressources financières Compte tenu de l’étendue du défi, combler le déficit de financement pour l’adaptation nécessitera également des approches innovantes afin de mobiliser des ressources financières supplémentaires. Des facteurs facilitants renforcés, de nouvelles approches et des instruments financiers seront essentiels pour débloquer le financement de l’adaptation, tant pour le secteur public que le secteur privé.
Parmi les facteurs facilitant l’action du secteur public figurent la création de fonds et de facilités de financement, la planification fiscale en matière de climat et les budgets climatiques, l’intégration dans la planification du développement national et les cadres de dépenses à moyen terme, ainsi que la planification des investissements en matière d’adaptation. Ces facteurs pourraient être soutenus par des réformes proposées pour les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement. Les facteurs facilitant l’action du secteur privé comprennent de nouvelles approches et de nouveaux instruments visant à réduire les risques liés au financement privé grâce à des fonds publics. Ces facteurs peuvent être soutenus par des accélérateurs et des plateformes d’adaptation.
Le financement de l’adaptation doit également abandonner les actions réactives, progressives et liées à des projets au profit d’une adaptation plus anticipative, stratégique et transformationnelle, faute de quoi il ne permettra pas d’obtenir l’ampleur ou la diversité des adaptations nécessaires. Toutefois, cela requiert des actions dans des domaines plus difficiles à financer : pour ce faire, une utilisation beaucoup plus stratégique des financements publics internationaux disponibles est indispensable. Par ailleurs, la question de savoir qui finance l’adaptation n’est pas suffisamment abordée. Dans de nombreux mécanismes de financement, les coûts finaux de l’adaptation sont supportés par les pays en développement. Cela peut contribuer à combler le déficit de financement, mais n’est pas conforme au principe des responsabilités communes, mais différenciées et des capacités respectives ni au principe du pollueur-payeur.
Renforcement des capacités et technologie
Outre le financement, il est nécessaire de renforcer le développement des capacités et le transfert de technologies pour améliorer l’efficacité des mesures d’adaptation, conformément à la priorité accordée par la COP29 aux moyens de mise en œuvre. Le rapport du PNUE propose des recommandations pour progresser dans ce domaine :
• les interventions doivent mobiliser les capacités existantes, mettre l’accent de manière équilibrée sur les technologies et leurs conditions de mise en œuvre, et placer les considérations en matière d’égalité des genres et d’inclusion sociale au cœur des préoccupations ;
• il est nécessaire de disposer d’une base empirique plus robuste, incluant des données issues du suivi et de l’évaluation des besoins en capacités et technologies, la manière d’aborder le travail et les coûts réels associés ;
• les plans de renforcement des capacités et de transfert de technologies doivent soutenir l’adaptation dans différents secteurs, à diverses échelles et selon les priorités de développement ;
• les stratégies d’adaptation doivent être élaborées à partir d’une compréhension holistique des besoins et non dans l’optique de promouvoir une technologie spécifique, afin qu’elles s’intègrent dans des stratégies de développement plus larges.
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