Le Conseil néerlandais de la santé recommande d’abaisser la valeur sanitaire de référence pour l’exposition professionnelle au monoxyde de carbone en raison des risques pour la santé à des concentrations plus faibles que ce qui avait été estimé auparavant.
Exposition au monoxyde de carbone
La présence de monoxyde de carbone (CO ; no EINECS 211-128-3 ; no CAS 00630-08-0) dans le corps humain peut s’expliquer aussi bien par une production endogène que par une exposition exogène. L’exposition externe peut provenir de la combustion incomplète de combustibles fossiles, de bois et d’autres matériaux sur le lieu de travail. Le monoxyde de carbone est également utilisé dans les processus industriels pour la production de matériaux inorganiques, de substances organiques, de polymères, ainsi que dans le traitement des métaux et la production pharmaceutique.
Image : propriétés physiques et chimiques du monoxyde de carbone. Source : rapport Carbon monoxide, p. 12.
Effets néfastes sur la santé
Si le monoxyde de carbone produit de manière endogène joue un rôle important de signal physiologique, l’exposition externe peut quant à elle entraîner des effets néfastes sur la santé. Une exposition aiguë à des concentrations élevées provoque un manque d’oxygène. Une exposition prolongée à de faibles concentrations peut entraîner des effets sur le système cardiovasculaire (tels que l’angine de poitrine et un risque accru de cardiopathie ischémique), des effets neurologiques (tels que des troubles des fonctions visuelles et auditives) et des effets sur le développement du fœtus.
Valeur sanitaire de référence
En s’appuyant sur des recherches scientifiques, la commission néerlandaise sur la santé et l’exposition professionnelle aux substances (GBBS) évalue s’il est possible d’établir une valeur sanitaire de référence pour les substances nocives auxquelles les travailleurs peuvent être exposés. Cette valeur correspond au niveau d’exposition pour lequel aucun effet néfaste sur la santé n’est attendu.
La commission considère que les effets sur le système cardiovasculaire, les effets neurologiques et ceux sur le développement du fœtus sont les effets les plus pertinents en cas d’exposition à de faibles concentrations. Les effets cardiovasculaires ont été utilisés pour définir la valeur sanitaire de référence grâce à la disponibilité de méta-analyses quantitatives pour les faibles concentrations.
Recommandation au secrétaire d’État
La commission recommande une valeur sanitaire de référence de 7,5 milligrammes par mètre cube d’air (6,4 ppm) comme concentration moyenne sur une journée de travail de huit heures. Cette valeur est trois fois inférieure à la valeur limite légale de 23 mg/m³ (20 ppm) en vigueur aux Pays-Bas, ainsi qu’en Belgique. En raison du manque de données utilisables, la commission ne peut pas recommander de valeur limite d’exposition à court terme (STEL) ou de valeur plafond.
En Belgique
Selon le Code du bien-être au travail, la valeur limite d’exposition professionnelle au monoxyde de carbone est de 20 ppm (23 mg/m³), avec une valeur à court terme de 100 ppm (117 mg/m³). Pour limiter l’exposition des travailleurs, les employeurs sont tenus de prendre des mesures, telles que l’amélioration de la ventilation et la fourniture d’équipements de protection individuelle, si nécessaire (article VI.2-2).
Surveillance de la santé et biosurveillance
Le médecin du travail joue un rôle important dans la surveillance des travailleurs exposés au monoxyde de carbone. La surveillance de la santé, y compris la biosurveillance, est obligatoire lorsqu’une limite biologique contraignante a été établie (comme pour le monoxyde de carbone). Elle est effectuée conformément aux lignes directrices du Code du bien-être au travail (article I.4-29, § 2).
L’évaluation du taux de carboxyhémoglobine (COHb) dans le sang est une méthode spécifique pour mesurer l’exposition au monoxyde de carbone. Le COHb se forme lorsque le monoxyde de carbone se lie à l’hémoglobine, ce qui réduit la capacité de transport de l’oxygène dans le sang.
Les valeurs limites de COHb diffèrent entre les fumeurs et les non-fumeurs.
• Non-fumeurs : valeur maximale de référence de 3 % de COHb.
• Fumeurs : valeur limite généralement comprise entre 5 et 8 % de COHb, en fonction des habitudes tabagiques.
En cas de dépassement de ces valeurs de référence, un suivi médical supplémentaire est nécessaire et une adaptation des mesures prises sur le lieu de travail peut être requise.
L’abaissement de la valeur sanitaire de référence du monoxyde de carbone aux Pays-Bas souligne l’importance de réviser les valeurs limites d’exposition sur la base des découvertes scientifiques récentes.
Cette valeur de référence est également pertinente pour les employeurs en Belgique, car les risques pour la santé sont similaires pour les travailleurs des deux pays. Les conseillers en prévention en Belgique devraient tenir compte de ces informations pour réduire l’exposition au monoxyde de carbone et garantir ainsi la bonne santé et la sécurité sur le lieu de travail.
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