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Malade pour cause de pollution atmosphérique

Actualités - 11/10/2021
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Auteur(s): 
Edelhart Kempeneers - Attentia


Deux nouvelles études des Mutualités Libres, en collaboration avec la KU Leuven et l’UHasselt, démontrent à quel point la pollution de l’air nuit à la santé des Belges de nos jours. Les patients chroniques consultent plus rapidement leur médecin généraliste lors des pics de pollution. Il s’avère en outre que la pollution de l’air contribue à pousser les personnes souffrant de problèmes de santé mentale vers l’incapacité de travail.

Au cours de cette dernière décennie, le champ de la recherche sur l’incidence de la pollution de l’air sur la santé s’est élargi. La recherche s’est tout d’abord penchée sur l’impact de la pollution sur les maladies cardiovasculaires, avant d’étudier ses effets sur les maladies neurodégénératives et la santé mentale.

Dans une étude épidémiologique environnementale en deux volets, les Mutualités Libres, en collaboration avec la KU Leuven et l’UHasselt, offrent une nouvelle perspective sur les conséquences de la pollution de l’air. Les chercheurs ont d’abord évalué le lien entre la pollution de l’air et les mises en incapacité de travail liées à des problèmes de santé mentale. Ils se sont ensuite intéressés au rapport entre la pollution de l’air et le recours aux soins de santé chez les adultes souffrant d’hypertension ou de dépression, les deux maladies chroniques de loin les plus fréquentes en Belgique.

Exposition

Les données sur la pollution par le carbone noir, le dioxyde d’azote et l’ozone par commune pour l’année 2019 ont été obtenues auprès d’IRCELINE, la Cellule Interrégionale de l’Environnement. L’exposition de chaque personne à la pollution de l’air a été étudiée par commune de résidence. L’information sur les mises en incapacité de travail liées à un problème de santé mentale provient des données anonymisées des membres des Mutualités Libres, pour l’année 2019 également. Les chercheurs ont spécifiquement retenu trois grands blocs de maladies pour les 12 270 incapacités de travail liées à des problèmes de santé mentale (11 968 personnes) :

• difficultés liées à l’orientation de son mode de vie (bloc Z73 suivant la Classification internationale des maladies ICD-10, dixième révision) ;
• troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress et troubles somatoformes (blocs F40-F48)
• troubles de l’humeur (blocs F30-F39)

Ils ont, de même, défini deux types de recours aux soins de santé, à savoir :

• les hospitalisations après visite aux urgences (33 699 cas).
• les consultations chez le médecin généraliste (1 112 978 au total)

Une exposition de courte durée à la pollution atmosphérique - au dioxyde d’azote et au carbone noir en particulier - renforce la propension sans doute naturelle à la mise en incapacité de travail pour cause de troubles psychiques/psychologiques. Le diagnostic a été posé le jour même du pic de pollution ou jusqu’à deux jours après ce pic. Ces résultats soulignent la gravité des effets de la pollution atmosphérique. Concrètement, une augmentation de 5 µg de dioxyde d’azote (NO2) par m³ entraîne une hausse de 4,2 % des mises en incapacité de travail pour cause de troubles mentaux. Une augmentation de 0,5 µg de carbone noir (suie) par m³ entraîne une hausse de 3,2 % du risque de mise en incapacité de travail pour cause de troubles mentaux.

Les personnes souffrant de maladies chroniques consultent également davantage leur médecin généraliste. Une augmentation de 5 µg de dioxyde d’azote par m³ entraîne une hausse de 3,4 % des consultations chez un médecin généraliste pour les personnes souffrant d’hypertension et de 3,1 % pour les personnes souffrant de dépression. Une augmentation de 0,5 µg de carbone noir par m³ entraîne une hausse de 2,4 % des consultations pour les personnes souffrant d’hypertension et de 1,7 % pour les personnes souffrant de dépression. Ce phénomène peut être observé quasiment toute l’année. Seul l’hiver fait exception, car nous passons moins de temps à l’extérieur et sommes dès lors moins exposés à la pollution de l’air.

L’étude établit donc clairement le lien entre la pollution de l’air et une augmentation significative de la morbidité. Malgré une évolution positive, la mauvaise qualité de l’air continue à affecter une grande partie de la population. Les normes de qualité de l’air de l’OMS récemment mises à jour soulignent l’extrême importance de cette question. 

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