Le contact avec des espaces verts et bleus est important pour la santé mentale, y compris pour les travailleurs. Un nouveau rapport de l’OMS énumère un certain nombre de constatations à ce sujet et fournit des pistes de réflexion aux décideurs politiques. Cet été, l’OMS a publié un rapport sur l’importance des espaces verts et bleus sur le bien-être mental des citadins. La publication est basée sur deux rapports de revues systématiques du Groupe de travail d’experts (EWG) sur la Biodiversité et la Santé mentale du
projet EKLIPSE. Ce projet vise à répondre aux questions des décideurs politiques et des autres acteurs sociaux au sujet de la biodiversité et des services écosystémiques. Il est financé par l’Union européenne. Les résultats et conclusions des revues d’EKLIPSE sont avant tout importants pour le secteur de la santé, où les politiques et les programmes visent généralement des questions de santé spécifiques. Outre les avantages directs ou immédiats pour la santé et le bien-être, des interventions sur des espaces verts et bleus peuvent aussi apporter d’autres avantages relatifs aux services écosystémiques comme l’adaptation au climat et la diminution de la pollution atmosphérique. Ces interventions peuvent en outre améliorer les opportunités d’interaction sociale. Les résultats de la recherche sont cependant aussi intéressants pour les autres secteurs, dont les activités influencent la planification, la conception et l’entretien des espaces verts et bleus et donc indirectement la santé et le bien-être.
Que dit le rapport ? Les principales conclusions du rapport de 55 pages peuvent être résumées comme suit.
- Le contact avec des espaces verts et bleus est important pour la santé mentale. Avec l’urbanisation croissante, les citadins ont moins accès à ces espaces. En général, la plupart des types d’espaces verts ont eu un effet positif clairement démontrable sur la santé mentale, tant à court terme qu’à long terme. Quel que soit le type d’espaces verts, ils ont produit des effets positifs sur l’humeur. À quelques exceptions près, la plupart des espaces verts ont aussi exercé un effet bénéfique sur le stress ressenti, la résilience et la gravité des troubles psychiques. Pour la santé mentale à long terme, la plupart des types d’espaces verts ont eu des effets positifs sur la santé mentale globale, la qualité de vie perçue et le bien-être subjectif.
- La comparaison entre différents types d’espaces verts a donné des résultats contrastés, ce qui indique qu’il n’y a pas un type d’espace vert ou une caractéristique qui semble être le meilleur, ou un « environnement de référence » qui a les meilleurs effets pour tout le monde, partout et à tout moment. La végétation dense et les broussailles sont les seuls types d’espaces verts à ne pas exercer d’effets sur la santé mentale, voire même à exercer des effets négatifs.
- Pour ce qui est des « espaces bleus », toutes les études ont montré les avantages de la côte. Des études essentiellement menées sur les effets directs d’une exposition à la côte ont en général montré des résultats positifs plus cohérents sur la santé mentale, contrairement à la seule disponibilité ou proximité de la côte. Des associations positives avec la santé mentale se sont avérées moins évidentes pour les eaux intérieures que pour l’espace bleu côtier. Dans toutes catégories d’espaces bleus, les effets les plus prononcés ont été constatés sur l’humeur.
Conseils aux décideurs politiques Toute une série de mesures politiques et d’instruments sont d’ores et déjà disponibles pour orienter et soutenir les décisions quant aux espaces verts et bleus urbains. Dans le cadre du développement urbain, l’OMS stipule que les décideurs politiques ont tout intérêt, lors de la planification et de la gestion des transformations du territoire, à adopter une approche holistique qui reconnait aussi le rôle important de la nature sur la santé mentale et le bien-être. Elle peut en outre s’inscrire dans une approche visant à s’attaquer à des problèmes interconnectés tels que l’adaptation au climat, l’inclusion sociale et la crise socio-économique survenue pendant la pandémie de la COVID-19 et œuvrer à une reprise post-pandémique.
Le bureau vert Suivant la même logique, investir dans des éléments naturels au bureau peut améliorer le bien-être et la productivité des travailleurs. Certaines études montrent un gain de productivité de 8 à 15 %. Une autre étude scientifique révèle une diminution de l’absentéisme. Lors de la conception d’immeubles de bureaux, les designers et architectes sont de plus en plus attentifs à l’intégration d’éléments naturels dans les bâtiments. La « conception biophilique » des bâtiments et bureaux est devenue un thème à la mode et est prise en compte dans l’évaluation en vue de l’obtention, entre autres, de la norme « WELL Health-Safety ».
Conclusion L’exposition à la nature est importante pour la santé mentale. Les résultats du rapport de l’OMS sont aussi pertinents pour les employeurs. Outre les avantages directs ou immédiats pour la santé et le bien-être des travailleurs, des interventions sur les espaces verts et bleus peuvent engendrer un effet positif sur la productivité.
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