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« La présence sur le lieu de travail reste essentielle »

Actualités - 11/01/2022
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Auteur(s): 
Geert Van Cauwenberge


Stefaan Verhelst, conseiller en prévention chez Lanxess, a été désigné conseiller en prévention de l’année. Au travers de ce prix remis annuellement, la fédération technologique Agoria souligne l’importance d’une politique de sécurité préventive et efficace dans le secteur de l’industrie. Stefaan s’est vu décerner cette récompense en raison de la politique de prévention éminemment visuelle qu’il a mise en place. Il y favorise la sécurité tant des collaborateurs que des contractants. L’année dernière, une attention particulière était aussi accordée aux mesures visant à empêcher la propagation du COVID-19 ainsi que la contamination sur le lieu de travail. Entretien avec le nouveau conseiller en prévention de l’année.

Stefaan Verhelst occupe la fonction de conseiller en prévention chez Lanxess depuis octobre 2011 (*). « J’ai travaillé près de 14 ans chez ArcelorMittal. J’ai commencé en tant qu’ingénieur de projet, puis j’ai endossé une fonction d’appui au sein du service de prévention. Ma carrière a débuté en 1991 chez SEP, une entreprise qui fabrique des emballages en polyéthylène (devenue RPC depuis). »
« Je travaille quasiment à temps plein en tant que conseiller en prévention sur le site de Lanxess à Lillo. Le service de prévention de Lanxess se compose de trois conseillers en prévention à temps plein de niveau 1 et d’un responsable HSEQ. Je fais mon possible pour effectuer toute la palette des tâches qui m’incombent, grâce à quoi mes collègues et moi entendons offrir une véritable valeur ajoutée au domaine de la sécurité interne. Les plus jeunes concentrent leurs efforts sur la mise en place d’une culture de la sécurité interne forte, en mettant l’accent spécifiquement sur la communication, la concertation, le feed-back et les actions de soutien dédiées aux entités d’exploitation. »


Stefaan Verhelst de chez Lanxess, lauréat du prix « Conseiller en prévention de l’année 2021 »

Travailler en toute sécurité au sein d’une entreprise Seveso

- En quelques mots, quels sont les principes de base de la politique de sécurité chez Lanxess ?

Stefaan Verhelst : « Chez Lanxess, la priorité absolue dans le monde entier, c’est une politique de sécurité solide. Il s’agit d’une politique poussant plus loin le simple concept du "travailler sainement et en toute sécurité”. Pour moi, sur le lieu de travail, il est essentiel que les collaborateurs portent la culture de la sécurité et les règles y afférentes, et agissent en conséquence. En d’autres termes, un conseiller en prévention s’assure que les collaborateurs internes et externes – tout comme les visiteurs – fassent preuve de bienveillance les uns envers les autres, et qu’ils veillent ensemble à ce que la sécurité soit non seulement soutenue par des paroles, mais également par des actes. Je crois fermement au concept de vigilance. Les collègues se parlent entre eux, tant à propos d’actions qui se sont bien déroulées que de points d’amélioration. Le fait de se soucier des autres dans une ambiance ouverte et constructive contribue à la mise en place d’un environnement de travail sûr pour chacun. »
« Dans ce contexte, notre programme de sécurité met l’accent sur le développement de tables de conversation liées à la sécurité, à tous les échelons de l’entreprise. L’objectif n’est pas de pointer du doigt les erreurs commises par certains collègues, mais de déterminer des problèmes spécifiques de sécurité, et de sensibiliser ses interlocuteurs quant aux actions pouvant être améliorées. Nous choisissons ce modèle de concertation en toute connaissance de cause afin d’obtenir ainsi le soutien des collaborateurs. À cet égard, il est crucial d’écouter tout le monde de manière active et de laisser son interlocuteur s’exprimer. Nous constatons que cette approche porte ses fruits, car elle permet d’éviter les accidents du travail et d’en réduire le nombre. »
« Le management aussi affiche la volonté de contribuer à cette approche proactive. Dans beaucoup d’entreprises, la direction se focalise principalement sur les questions liées aux coûts et profits en cas de problème de sécurité. Mais en réalité, il n’est pas toujours possible d’évaluer les profits d’une politique ferme de sécurité. Voilà pourquoi j’apprécie grandement la façon dont la direction de Lanxess nous soutient et le fait qu’elle adopte une attitude exemplaire avec les tables de conversation. Ce leadership visible – ou le “management par l’exemple” – élève nos efforts à un niveau supérieur. »

- Quels sont les risques de sécurité spécifiques au sein de l’entreprise ?

Stefaan Verhelst : « Étant donné que des substances nocives sont traitées et stockées sur nos sites, nous sommes considérés comme une entreprise Seveso seuil haut. Sur le plan de l’industrie des procédés, nos installations répondent aux exigences les plus strictes en matière de sécurité. Les études de sécurité sont mises à jour de manière périodique, ce qui nous permet d’évoluer avec la technologie. De la sorte, nous pouvons en permanence fabriquer nos produits en toute sécurité. »
« En raison de la présence de produits dangereux sur nos sites, le risque de contact avec ces substances constitue un point d’attention permanent. » Il est toujours possible de commettre des erreurs. Voilà pourquoi nous enseignons aux collaborateurs des méthodes de proactivité afin qu’ils ne se retrouvent pas dans la ligne de mire. Nous insistons également sur l’utilisation correcte des EPI. »
« En outre, les blessures aux mains, les trébuchements – par exemple, à cause de tuyaux flexibles qui traînent – et les chutes de grande hauteur constituent des risques auxquels nous sommes extrêmement vigilants. Vu que les collaborateurs ne sont pas toujours conscients des possibles risques environnementaux, il est de notre devoir en tant que service de prévention de les inciter à la vigilance. »
« Dans ce contexte, nous entendons réagir rapidement. Grâce à notre système numérique de notification des incidents, chaque collaborateur est en mesure de signaler une situation de travail dangereuse. La force de notre système, c’est que chaque notification passe par un flux standard, qui permet à la direction d’évaluer la gravité potentielle du risque. Ensuite, il incombe au service de prévention de mettre en avant les causes sous-jacentes de la situation dangereuse. Chaque année, ce système émet entre 700 à 800 notifications. Par ailleurs, il est important que la mise en œuvre de ces notifications soit efficace. » « Auparavant – avec le système de notification papier –, c’était beaucoup plus compliqué. Notre système est un outil très puissant, non seulement pour ce qui est du reporting, mais également en matière d’analyse de données. Il nous permet d’ajuster des plans d’action sur le terrain de la sécurité de manière réactive. »

Ergonomes et personnes de confiance

- Quelle attention accordez-vous à l’ergonomie et au bien-être mental au travail ?

Stefaan Verhelst : « À mes débuts en tant que conseiller en prévention, la thématique de l’ergonomie sur le lieu de travail n’était pas abordée régulièrement. Un changement s’est imposé au fil des années. Aujourd’hui, l’importance du travail ergonomique est reconnue, surtout pour les tâches répétitives. Ces dernières années, nous avons fait appel à des ergonomes sur nos sites pour analyser nos activités et déterminer les améliorations à apporter. Évidemment, cette approche ne se limite pas uniquement à l’environnement de travail de nos collaborateurs. Nous accordons aussi beaucoup d’importance aux bonnes conditions de travail ergonomiques des employés de Lanxess. Par exemple, ces derniers peuvent suivre une formation sur l’ergonomie, leur permettant d’apprendre à adopter une bonne posture au bureau, à positionner au mieux l’écran d’ordinateur ou encore à éviter les reflets sur l’écran. »
« Le bien-être mental au travail constitue également un sujet qui a pris beaucoup d’importance ces dernières années. J’ai endossé le rôle de personne de confiance pendant six ans. Lorsque j’occupais cette fonction, je me suis rendu compte que l’aspect psychosocial était délaissé. Pourtant, il est impossible de nier que le bien-être au travail – ou l’absence de bien-être au travail – prend diverses formes au sein d’une entreprise. À cet effet, il est important que cette thématique puisse être abordée – et continuer à l’être – avec des collaborateurs qui veillent eux-mêmes aux éventuelles réclamations d’autres collègues. Chez Lanxess, nous avons conduit une telle culture de la sécurité que les collègues osent plus facilement s’adresser à une personne de confiance. »
« Le fonctionnement de notre équipe de crise est un autre élément important à mentionner. Chaque membre a suivi une formation afin de gérer adéquatement les situations de traumatisme. Malheureusement, nous avons déjà dû tirer parti de ces connaissances, par exemple lors d’un accident du travail en 2020 impliquant trois collaborateurs. Ces derniers ont eu la possibilité de raconter leur histoire immédiatement après l’incident afin de pouvoir gérer leurs expériences et leurs émotions. Ensuite, nous avons programmé des moments de concertation réguliers nécessaires, avec des spécialistes. »
« Enfin, ces dernières années, nous constatons un nombre croissant d’accidents sur le trajet domicile-lieu de travail. Le succès du speed pedelec n’est pas étranger à ce problème. Les conséquences d’accidents de ce type peuvent être très graves et entraînent parfois des hospitalisations. Pour ce genre de situation, nous avons mis au point une réglementation permettant à l’un des dirigeants de se rendre à l’hôpital afin de prendre en charge la famille de notre collègue et de recueillir des informations auprès d’établissements de santé externes. Lors d’incident grave, la famille de la victime apprécie grandement ces efforts. »

Portail des contractants

- Quels sont les défis spécifiques en matière de sécurité dans le cadre de la collaboration avec des contractants ?

Stefaan Verhelst : « Le travail avec les contractants, c’est l’un de mes chevaux de bataille. Pour moi, il est très important que la collaboration avec ce groupe cible soit la meilleure possible. Chez mon ancien employeur, ArcelorMittal, je consacrais beaucoup de temps et d’énergie à l’amélioration de l’approche de sécurité avec les contractants. En ce qui concerne les immobilisations, Lanxess a mis au point sa propre méthode, laquelle a été récompensée en 2019 du tout premier prix attribué en interne, le « CEO Safety Award ». Pour notre équipe opérationnelle belge, cette récompense est une belle marque de reconnaissance. Grâce au travail d’équipe et aux efforts continus de l’ensemble des collaborateurs et contractants de Lanxess, nous sommes en mesure de faire de la sécurité une priorité pendant les arrêts forcés. »
« Mes collègues du service de prévention et moi sommes fiers de notre portail des contractants. Il est le fruit de notre travail, et nous l’avons lancé il y a quelques années. Cet outil en ligne est la suite logique du CD-ROM de sécurité d’autrefois. Ce support était très statique ; aujourd’hui, nous sommes à même de répondre, en ligne, beaucoup plus rapidement aux nouvelles directives de sécurité. De plus, nous communiquons beaucoup plus facilement de manière ciblée avec toutes les parties concernées. Nous faisons de notre mieux pour optimiser en permanence les fonctionnalités disponibles. »
« Les barrières linguistiques freinant la communication restent un sujet délicat lorsque nous travaillons avec des contractants. C’est évidemment la conséquence du brassage de différentes nationalités. Toutefois, nous ne restons pas les bras croisés non plus. Par exemple, nous disposons de certains outils que nous utilisons efficacement depuis plusieurs années, comme l’entrevue sécurité destinée aux nouveaux contractants. Il s’agit d’un entretien sans paroles, avec uniquement des éléments visuels. Cette formation dure à peine 20 minutes. Nous savons d’expérience qu’une formule courte est plus efficace pour accrocher l’attention des collaborateurs d’autres pays. En conséquence de la pandémie de Covid-19, nous sommes également passés de la formule de formations classiques à celle de formations en ligne, offrant un mix de paroles dans une dizaine de langues différentes et des éléments visuels. Nous misons également beaucoup sur les questions et l’aspect interactif de la leçon. »

Équipe de crise Covid-19

- Comment la crise sanitaire a-t-elle affecté votre politique de sécurité interne ? Est-ce que vous utilisez par exemple le Guide générique ?

Stefaan Verhelst : « Comme dans d’autres entreprises, la pandémie de Covid-19 et les mesures gouvernementales y afférentes ont une incidence majeure sur le fonctionnement interne de nos départements et les politiques de sécurité qui en découlent. Nous avons toujours considéré la pandémie comme un scénario dans notre plan d’urgence interne. Par conséquent, nous avons fait appel à notre équipe de crise, en l’occurrence l’équipe de crise Covid-19, avec laquelle nous nous concertons régulièrement. Grâce à cette équipe, nous avons pu appliquer dans ce contexte les procédures et expériences normales d’une situation de crise ordinaire. »
« Le Guide générique du gouvernement fédéral nous a toujours servi de base, et donc de directive pratique à notre propre politique relative au Covid-19. Toutefois, nous y avons aussi toujours intégré nos propres mesures, par exemple lorsqu’une équipe de production totale était en incapacité, parfois même avant que les autorités de notre pays n’ajustent leur politique. Dans la lutte contre la propagation du Covid-19, nous ne laissons rien au hasard, tant pour nos collaborateurs que nos contractants. L’utilisation obligatoire d’un masque buccal, les règles de distanciation claires, les désinfections supplémentaires du matériel de travail ou encore les équipements de protection individuelle additionnels pour notre personnel en sont des exemples. Nous fournissons notamment des lunettes de sécurité spéciales présentant un faible risque de buée, des sprays antibuée et suffisamment de gel hydroalcoolique. La mise en place du tracing des contacts nous permet également de procéder rapidement à des ajustements, au besoin. »

Communication sur le lieu de travail

- Enfin, peux-tu nous donner quelques exemples d’outils de communication de sécurité utilisés chez Lanxess ?

Stefaan Verhelst : « Nous utilisons des canaux traditionnels, tels que l’intranet et les toolbox meetings, où nous apportons des explications quant aux enseignements tirés ou aux résultats de recherche. Mais nous avons également recours à des écrans d’information qui affichent des messages de sécurité à différents endroits de l’entreprise. Nous investissons aussi dans des bannières, réparties sur nos sites, et dans des bulletins d’information mensuels. »
« En cas d’incident ou de quasi-accident, nous établissons des télégrammes de sécurité, que nous partageons également avec le siège central. Et depuis plusieurs années, nous utilisons un écran LED de 2 x 3 m qui peut diffuser de courts messages de sécurité d’une dizaine de secondes en cas d’immobilisation. Je me suis inspiré des festivals de musique. Ces affichages sont un moyen pratique de communiquer des messages percutants rapidement. Ils se sont notamment révélés très utiles pour diffuser les directives liées au Covid-19 au sein de l’entreprise. »
« Enfin, j’aimerais aussi parler du CEO Safety Award et des efforts spécifiques déployés lors de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Ces outils contribuent eux aussi de manière significative à la sensibilisation et à l’information des collègues. »

- As-tu un dernier message à adresser à tes lecteurs ?
Stefaan Verhelst : « Dans le domaine de la sécurité au travail, nous avons de plus en plus recours aux outils numériques. Mais malgré cette numérisation, la présence sur le lieu de travail est à mes yeux un élément essentiel propice à une culture de la sécurité adéquate. Autrement dit, je plaide le maintien de la sécurité au travail, en organisant des discussions relatives à la sécurité avec les collaborateurs, en fournissant un feed-back en permanence et en les encourageant lorsqu’ils exécutent leur travail en toute sécurité ou qu’ils proposent de nouvelles idées en la matière. Ces récompenses ne doivent pas toujours être financières ou matérielles. Souvent, un petit coup de pouce suffit pour qu’un collègue endosse avec fierté le rôle d’ambassadeur de la politique de sécurité interne. »

- Merci beaucoup pour cet entretien !


Chimie de spécialités

LANXESS est un groupe de chimie de spécialités qui propose une large palette de produits : désinfectants et produits de purification de l’eau, pigments de couleur, arômes et parfums ou encore plastiques haute technologie. Les produits sont utilisés dans le monde entier dans divers secteurs, comme l’industrie automobile, la construction, l’agriculture et le secteur de la consommation.

Stefaan Verhelst : « Sur nos deux sites du Port d’Anvers, nous produisons les matières premières des plastiques haute technologie de l’ingénierie. À Lillo, nous produisons du caprolactame et du polyamide. À Kallo, nous fabriquons de la fibre de verre et des produits chimiques pour le traitement du caoutchouc. D’ailleurs, Lanxess est le seul producteur de plastique qui fabrique aussi de la fibre de verre. »
« Les deux sites comptent environ 1 000 collaborateurs au total. Depuis la création de l’entreprise en 2005, dans le cadre des activités belges, près de 600 millions d’euros ont été investis dans l’entrepreneuriat innovant et durable. »

Source : entretien avec Stefaan Verhelst, décembre 2021

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