L’année dernière, 3 482 faits ont été signalés à l’Inspection du travail aux Pays-Bas. Le nombre élevé d’intérimaires parmi les victimes est notable. Ces résultats sont similaires dans les chiffres belges relatifs aux accidents du travail.
L’Inspection du travail aux Pays-Bas veut contribuer à tirer les leçons des accidents du travail (graves) afin de les prévenir plus souvent. C’est pourquoi l’Inspection du travail élabore chaque année un guide des accidents du travail sur la base des informations qu’elle récolte lors de l’enquête portant sur l’accident. Le précédent guide des accidents du travail (2020) se penchait davantage sur les types d’accidents les plus fréquents : les chutes de hauteur et la sécurité des machines. Cette édition (2021) s’intéresse aux chiffres généraux ainsi qu’aux causes des deux types d’accidents les plus fréquents qui arrivent ensuite : être heurté par quelque chose et un accident avec un véhicule ou un engin roulant. Le rapport de 46 pages est paru le 5 septembre dernier.
Quels accidents ?
Malgré une légère baisse du nombre d’accidents, il y a eu 3 482 notifications l’année dernière à l’Inspection du travail aux Pays-Bas, dont 60 accidents à l’issue fatale. Dans près de la moitié des accidents du travail, il est question de blessures graves, souvent permanentes. Les principaux types d’accidents sont les mêmes depuis quelques années : les chutes et le contact avec un équipement de travail. Les victimes sont souvent des hommes jeunes (moins de 24 ans) et plus âgés (45 ans et plus). La plupart des accidents du travail ont lieu dans les secteurs suivants : traitement des déchets, industrie, commerce, construction, agriculture et horticulture, sylviculture et pêche. En 2021, 67,5 % des accidents sont survenus dans ces secteurs.
Nombre de victimes d’accidents du travail par 100 000 emplois de travailleurs en 2020 et 2021 en fonction du secteur. (Source : Guide accidents du travail 2021)
Dans les accidents avec des véhicules comme des chariots élévateurs, l’Inspection a constaté que dans 11 % des cas, le conducteur n’avait pas les connaissances ou l’expérience suffisante(s) pour se mettre au volant d’un tel véhicule. Dans 42 %, des marquages au sol faisaient défaut. Ils sont nécessaires afin que le personnel qui n’est pas en charge du transport ne circule pas à ces endroits. Parfois (11 %), le véhicule n’est pas arrêté ou est garé avant que le conducteur ne fasse autre chose.
De nombreux intérimaires
Le nombre d’intérimaires parmi les victimes est notablement élevé. Entre 2015 et 2021, un intérimaire était impliqué dans 22 % de l’ensemble des accidents alors que la part des intérimaires parmi la population active est de 7 %. Selon l’Inspection du travail, les intérimaires exécutent plus souvent des tâches dangereuses que les personnes sous contrat fixe. Ces résultats correspondent à une enquête précédente de l’Institut national de la santé publique et de l’environnement des Pays-Bas. Il en ressort que les intérimaires connaissent souvent moins bien la fonction et les risques que les travailleurs permanents et sont par conséquent plus souvent victimes d’un accident du travail. Les jeunes travailleurs sont également vulnérables. À l’instar des intérimaires, ils n’ont pas la formation et l’expérience et courent ainsi souvent un risque plus élevé. Les jeunes travaillent également plus souvent en tant qu’intérimaires.
Répartition de la population active par groupe d’âge et par contrat de travail (travailleur salarié, intérimaire) pour les personnes impliquées dans des accidents et la population. (Source : Guide accidents du travail 2021)
Comparaison avec les chiffres belges
En Belgique, les résultats sont similaires. Le taux de fréquence (Tf) des accidents du travail chez l’ensemble des intérimaires a connu une nette tendance à la baisse au cours des vingt dernières années, après avoir été particulièrement élevé en 2000 (99,60). Mais il était toujours de 39,53 en 2021.
Fedris n’a pas encore publié de résultats pour 2021. Étant donné que 2020 était une année spéciale en raison du coronavirus, je vais prendre 2019 comme année de référence. Selon les chiffres de Fedris, le Tf pour la population active générale s’élevait à 15,27. Les secteurs de la construction (34,35), de la sylviculture (Tf 32,46) et des transports (30,34) sont les secteurs les plus à risque. Le Tf pour les intérimaires s’élevait cette année-là, selon les chiffres de Prévention et Intérim, à 40,69, dont 60,93 pour le travail manuel et 9,39 pour le travail intellectuel. En Belgique, les intérimaires courent donc un risque sensiblement plus élevé d’être victimes d’un accident du travail que les travailleurs permanents.
Évolution du taux de fréquence des accidents du travail chez les intérimaires en Belgique. (Source : site Internet PI)
Malgré les efforts des employeurs, des travailleurs et des pouvoirs publics, des accidents se produisent au travail dont une partie devrait pouvoir être évitée. Il faut en particulier attirer l’attention sur la sécurité au travail des intérimaires. En ce qui concerne la surreprésentation des intérimaires dans les accidents, il n’y a aucune explication concluante dans le rapport de l’Inspection. Il est vraisemblablement question d’une combinaison de facteurs, dont le fait que les intérimaires exécutent souvent des tâches dangereuses et que les intérimaires n’ont plus souvent pas les connaissances et les aptitudes pour exécuter leurs tâches. L’influence d’autres facteurs (comme le type de travail, les instructions, la langue et les travailleurs migrants) requiert une étude plus détaillée.
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