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Les fournisseurs d’eau potable demandent l’interdiction des PFAS en Europe

Actualités - 16/04/2024
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Auteur(s): 
Johan Ceenaeme


La fédération européenne des associations nationales de fournisseurs d’eau potable et de services d’assainissement, EurEau, a publié une lettre ouverte à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La fédération lui demande instamment de soutenir la proposition visant à interdire le groupe de substances chimiques PFAS en Europe. Il est mentionné dans la lettre que le pacte vert de la Commission européenne ne peut être un succès sans une interdiction.

Outre le fait que les PFAS persistent très longtemps dans l’environnement, EurEau souligne que leur élimination de l’eau nécessite beaucoup d’énergie et d’argent. Par ailleurs, il reste toujours des résidus contaminés qui doivent être éliminés en toute sécurité et les sociétés de gestion de l’eau utilisent du charbon actif pour lier les substances chimiques. Les États membres de l’Union européenne et leurs sociétés de gestion de l’eau sont donc dépendants de l’importation de cette matière première, en provenance par exemple de la Chine.

Selon EurEau, les objectifs du pacte vert pour l’Europe ne pourront pas être atteints tant que les PFAS seront produits et utilisés. Les entreprises européennes de distribution d’eau potable et de traitement des eaux usées, regroupées au sein d’EurEau, appellent la présidente de la Commission à soutenir une interdiction rapide et à large échelle des produits chimiques éternels. Les membres d’EurEau fournissent de l’eau potable et des services d’assainissement à 500 millions d’Européens. Près d’un demi-million de travailleurs du secteur génèrent un chiffre d’affaires annuel de 86 milliards d’euros.

Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les PFAS présentent de graves risques pour la santé. Les PFAS sont partout, dans les aliments que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et les biens que nous utilisons. Ils sont également présents dans les nappes phréatiques. Même si l’on arrêtait aujourd’hui l’utilisation des PFAS, la pollution historique persisterait, exposant les personnes et l’environnement pour les décennies à venir. EurEau perçoit les PFAS comme un obstacle insurmontable empêchant le secteur de l’eau d’atteindre les objectifs du pacte vert.

La suppression des PFAS de l’eau potable brute est très difficile d’un point de vue technologique (et pratiquement impossible aujourd’hui pour les eaux usées). Très gourmande en ressources et en énergie, elle requiert de surcroît 10 à 20 % d’eau brute supplémentaire et entraîne une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre. De plus, les technologies actuelles ne détruisent pas les PFAS, mais génèrent des résidus contaminés avec des concentrations élevées de PFAS, qui doivent être éliminés en toute sécurité. Cette situation menace les objectifs climatiques et énergétiques de l’Union européenne ainsi que la résilience de l’eau.

Le secteur de l’eau s’engage à protéger la santé publique et l’environnement. Toutefois, les coûts élevés liés à l’élimination des PFAS (et des déchets associés) sont actuellement payés par les consommateurs, tandis que les producteurs de PFAS ne sont pas inquiétés. L’accessibilité économique de l’eau est par conséquent menacée, en particulier pour les groupes à faibles revenus. Cela va à l’encontre des ODD, selon lesquels personne ne doit être laissé de côté. Pour EurEau, le principe du pollueur-payeur doit être davantage appliqué.

Une interdiction des PFAS demande toutefois du temps. Les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, la Suède et l’Allemagne ont présenté une proposition d’interdiction à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) dès l’été 2021. Une proposition formelle a suivi début 2023, avec la possibilité de soumettre des observations jusqu’à la fin de l’année dernière. Il est prévu que les États membres puissent voter sur l’éventuelle interdiction l’année prochaine. L’interdiction pourrait entrer en vigueur en 2026 ou en 2027. Il ne s’agira vraisemblablement pas d’une interdiction totale. Une exception sera faite pour les médicaments, les produits phytopharmaceutiques et les biocides.

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  • eureau.org